En sortant de chez moi un bon matin de jeudi, je prenais mon chemin vers le marché. Beaucoup de gens m’y avaient
déjà précédé. C’était sans nul doute pour faire leurs emplettes. C’était le premier jour de Ramadan correspondant
au mois de mars actuel. On pressait le pas pour y aller se ravitailler sans faire la queue et sans perte de temps comme
si c’était la fin du monde. C’était abracadabrant ! Je pressais le pas moi aussi pour éviter toutes sortes de querelles
.Je vais vous raconter la scène en détails. Les gens dont je viens de vous parler étaient tous des clients comme moi
Avant de me joindre à eux, je vis certains se reculer massivement, d’autres quitter leurs places en allant aussi loin que
s’étendait la vue comme s’ils avaient le diable à leurs trousses. Je me demandais ce qui venait de se passer. Un homme
.me voyant debout perplexe, s’approcha de moi et me souffla à l’oreille que leur disparition était à cause de la cherté
Les prix avaient certes dépassé leurs limites. Les poches étaient vides. L’argent n’était pas suffisant pour acheter tout
ce dont on avait besoin. C’était lamentable ! Tout à coup je sentis un coup de vent me secouer. Les dents claquaient dans
ma bouche, le sang circulaient dans mes veines. J’étais extrêmement anxieux en pensant aux pauvres = les nécessiteux
qui ne trouvaient plus de quoi apaiser leurs souffrances. Personne ne savait à qui aller se plaindre. Comment va-t-on
recueillir ce qu’on avait semé ? Dieu nous a dit que pendant le mois de ramadan les portes du Paradis s’ouvrent et celles
de l’enfer se ferment. Pour moi c’était un spectacle abusif .Le marché était devenu un terrain de combat. Chacun faisait
.comme il voulait sans intercession de la part d’un contrôleur. A l’intérieur du souk, ce n’était que du dégoût, du souci
Quel brouhaha ! Le sol était bondé. Je restais bouche bée devant cette féerie. C’était un film affreux où les clients se
bousculaient, se bagarraient malgré l’intervention de la sureté nationale. La voix rauque des voyous était un signal de
détresse .le temps commençait à se détraquer. C’était presque un détroussement .On continuait à faire la vente à cor
.et à cri. J’avançais à pas comptés. Le mois de ramadan a frappé à la poitrine de chaque consommateur comme une balle
Je sentis la tête me tourner, un mouvement séditieux me tordre comme un tronc d’arbre. La situation allait bientôt
tourner au tragique. Il valait mieux tourner les talons avant qu’il fût trop tard. Les alouettes ne tombent toutes rôties
qu’après la dissipation de ce nuage noir. Autrement la vie s’aggravera. Le mois de ramadan était arrivé comme mars en
carême. Les vieilles femmes entassaient les bords des routes et se mettaient à bavarder sans arrêt, leurs petits enfants à
jaser comme des pies durant toute la journée. Les jeunes filles passaient sous les fourches caudines. On dirait un four
électrique ! Je sentis avoir des fourmis dans mes membres. Garçons et filles rigolaient en plein air. Ils oubliaient que
leurs parents trouvaient des difficultés à acheter un kilo de pommes de terre. Au lieu de leur venir en aide, ils criaient
en ricanant malgré le climat torride qui les choquait et sans se rendre compte de ce qui se passait autour de la (Noria)
!Leur son strident résonnait mal dans les têtes. La marche des piétons bloquait les passages. Quel embarras ! Quel mal
.( qui a bu boira) a-t-on dit . Un bruit sonore venait d’étouffer la colère des clients. Aucune joie n’éclatait sur leur visage
J’avais vu quelques vieilles dames sortir de leurs poches une poignée de pièces d’argent. Elles se mirent à les compter
en se mordant les lèvres. Des gouttes de sueur tombaient de leurs fronts .Elles les essuyaient très vite avec des bouts
de papier jetable. Ne comptez pas sur tout ce dont je vous parle dans ce journal. J’essayais tout simplement de vous
mettre au courant de ce que j’avais vu, entendu, sans sauter les événements que j’avais vécus. Vers midi, le marché
s’encombrait de sacs pleins d’ordures et de toutes sortes d’immondices. On sentait de partout des odeurs putrides
qui soulevaient le cœur .je me trouvais dans un monde étranger, j’allais m’asphyxier. Ce qui se passait devant moi
avait blessé profondément mes sentiments.je me posais un tas de questions : quels sont les avantages et les ennuis de
cette crise qui avait attaqué le monde entier ? N’était-ce pas une rage ou une catastrophe ? Tout le monde attendait
un changement, une amélioration. (On dit qu’il y a remède à tout). Je n’oublie pas de vous dire que la majorité des
vieilles femmes passaient la plupart de leur temps à la mendicité. Les gens qui avaient peu d’argent attendaient leur
tour sous la chaleur écrasante du soleil comme si on était en été. D’autres comptaient quelques pièces de monnaie
dans le creux de leurs mains en bavardant sans cesse. Juste après leur dialogue dialectique, ils se dirigeaient vers la
mosquée, la maison de Dieu où ils attendaient l’appel à la prière. La majorité des croyants y allaient pour lire le coran
ou faire la lecture coranique, demander leur Seigneur de pardonner leurs péchés, de leur réserver une bonne place
,dans son paradis et de les aider à vaincre le satanisme. Tout passe par de rudes épreuves : la marchandise s’écoule
le temps s’écoule vite, la foule s’écoule ; on va, on vient, on court, on marchande, on s’explique, on bavarde à cœur
ouvert, on vend à la criée, on entend dire des insanités, on se bouscule, on se dispute, on était pétris dans une même
pâte. C’était mouvant, aberrant ! Est-ce que les prix vont baisser ? Certains marchands essayaient de chauffer le bain
pour les augmenter. Ils cherchaient à vivre à leur aise. N’est-ce pas une trahison ? Je n’ai jamais assisté à ce genre de
match. Cela crevait les yeux. C’était comme la crevaison d’un pneu d’automobile. C’était une crétinisation à mon avis
à laquelle on ne trouvait plus de solution. La circulation des véhicules, leurs klaxons, la fumée de leurs échappements
.embrouillaient l’atmosphère et troublaient le monde entier. C’était une crépitation du feu issue de la cherté
Si on ne s’occupe pas des pauvres, on finira par les perdre et on regrettera de les avoir mis de côté sans le venir en aide
.Alors comment trouver le fil d’Arian ? C’est facile selon mon opinion. On dit que le courage est le meilleur rempart
Puisque nous sommes tous sur les mêmes charbons ardents, à quoi sert de faire le chien couchant ? Allons, avec un
.coup de main, nous finirons par trouver un chemin qui nous conduira vers un avenir plein de bonheur et de prospérité
Il n’est pas nécessaire de laisser la crise nous envahir comme les eaux qui envahissent une région. Nous sommes tous
,de la même religion islamique, du même sang (aidez ceux qui sont sur la terre, celui qui est au ciel vous aidera). Allons
dépêchons-nous. Nous avons encore devant nous une bonne occasion .On dit : (à beau jeu, beau retour) La vie est un
.torrent d’éternelles disgrâces. Compter sur une idée à couche dehors est une grave perte d’espoir, un affront, un choc
Je vous raconte toujours l’histoire à grands traits. Suivez-moi. Quand on passait devant une assemblée d’individus, on
.nous dévisageait d’un air courroucé. Cela devait arriver. Il fallait aller à bride abattue pour éviter tous les malentendus
.C’était un mal dorénavant pour tout le monde et pour d’autres un mauvais comportement, une attaque en masse
Quelle routine ! Le matin, on ne trouvait personne dans la rue. C’était comme un désert. Le village se vidait, le calme
envahit tous les environs. On dirait que c’était une tempête qui venait d’envelopper l’atmosphère. Au fur et à mesure
que le soleil montait haut dans le ciel, les querelles se multipliaient, les dangers encombraient les rues .les clients
trouvaient des difficultés à franchir les passages. C’était à cause de l’épaisseur de la foule. C’était époustouflant et
.épouvantable ! On dirait une guerre civile. Tout le monde avait du pain sur la planche, beaucoup de travail à faire
Quelle activité ! J’implorais in petto Dieu le tout-puissant qu’il nous sauve de tous les périls qui nous menaçaient, de
changer ce désastre par une ambition pleine de prospérité, de bonheur, accordée de sa préservation divine. Sans son
,aide, nous vivrons misérablement. Pour faire bouillir la marmite, il faut beaucoup d’effort car avec un peu de courage
tout ira bien. Cela nous fait peur. Nous devons ramasser nos forces afin de trouver facilement l’issue que nous cherchons
Alors trainer une méprisable existence, c’est se laisser aller au fond de l’océan. On doit donc donner de l’importance
aux moyens d’existence avant de perdre l’espoir .Il se peut que les exigences du temps nous rompent en visière. Ce sera
en fin de compte un bombardement massif, un truc cinématographique si l’expression convient. Je conclus à dire que
tout vient de la cherté de vie, du manque d’argent et même du manquement à la discipline. C’est à cause aussi du
chômage qu’on risque de perdre notre vie. Pour cela, il faut bouger un peu pour gagner l’extension du commerce. En
.tout cas, il faut faire valoir la marchandise. Sachons que le train de vie est un boulot qui exige beaucoup d’efforts
chaque jour, hommes et femmes, garçons et filles attendent avec impatience la rupture du jeune. Chaque jour qui
passe n’a pas de pareil .Le coucher du soleil pour les patients est une fuite lente. On entend dire : quand ce soleil va-t-il
disparaitre ? La faim peut-être leur tenaille l’estomac. Après l’appel du muezzin à la prière, les rues se vident en un clin
d’œil. Les priants gagnent la porte de Dieu. En peu de temps les voilà dehors. Ils courent à toute jambe vers chez eux
pour apaiser leur faim. Ah ! Si tous les mois étaient comme celui de Ramadan ! Mais tout lasse, tout casse, tout passe
Ecrivain : Moumni A, Enseignant retraité, demeurant à Zaio, province de Nador (Maroc) (voir la suite ci-dessous)
.Voici une série de poèmes à l’occasion de ce mois-ci
Ramadan est un mois sacré ou un don céleste. C’est une période où on s’empêche de dire des stupidités .Un moment
.propice où on s’abstient de manger et de boire. On attendait la rupture du jeûne avec impatience
.Il va partir mais avec un retour l’an prochain. C’est une belle saison où il bat toujours son plein
C’est un soulagement, une protection à notre corps sain. On va le pleurer comme des moutards
.Il est une vidange de l’estomac, un remède qui chasse le chagrin
.Il est à la veille de son départ. Il va nous quitter à l’improviste comme un touriste
.Dès l’aurore jusqu’au coucher du soleil. On fait le carême, l’air gai, l’esprit en éveil
.On passe la journée à lire le coran, à prier et à louer Dieu. Ramadan va plier ses bagages. La vie n’est qu’un passage
.Car c’est un mois de dévotion pour les jeunes et pour les vieux
Un mois d’adoration, de soumission et d’humilité. Il est notre invité. Qu’il soit le bien venu
.Nos cœurs sont ulcérés, reste avec nous. Nous prions Dieu qu’il nous fasse entrer dans son Paradis
Nous implorons candidement son éternelle aurore. Il est le chemin vers un nouvel horizon
.Son départ pour nous est une crise Que Dieu entende nos prières et nous offre son accord
Ses journées mielleuses sont un réconfort. Mais on sent comme si quelqu’un allait nous cloitrer
.Ses nuits blanches sont un bonheur
?Il passe comme l’éclair sans laisser aucune trace derrière. N’est-il pas une vraie effusion de lumière
.C’est dans ce mois que Dieu a fait descendre le Coran
.Pour le lire, le comprendre et l’apprendre toute la vie durant
Les dix derniers jours sont consacrés à la retraite rituelle qui se fait dans les mosquées selon la tradition continuelle
.L’heure précise est venue pour nous corriger. Que Dieu pardonne nos péchés et exauce nos litanies
.C’est une bonne occasion qu’il faut retenir. Un moment opportun pour les égarés de se repentir
.Le mois de ramadan a fortifié notre corps et amélioré notre santé
.Nous sommes inquiets car il va bientôt nous quitter
.La conclusion de son contrat est venue. Son décollage sera pour nous tous un temps d’amertume
!Ne fais pas fi de nous malgré l’augmentation des prix. Tu es pour nous le mois préféré. Au revoir et à la prochaine
Tu es une étoile qui brille. On dit que la prière est meilleure que le sommeil et Ramadan est le meilleur des mois .Il est
.pour les malades un rétablissement, pour les pauvres une aide, pour les handicapés un examen médical quotidien
Ecrivain : Moumni A, Enseignant retraité, demeurant à Zaio, Province de Nador, (Maroc