Une vie sans titre
Plume : Abdelhamid Elbadaoui
C’est l’histoire d’une femme qui incarne la misère errante. La misère héréditaire. La misère modèle. La misère dont son éminence l’homo sapiens lui fit cadeau. On l’appelle H.la folle tout court. Elle n’a plus de contrat avec personne. Et ignore même où son livret de famille fut rangé. Un carton d’identité rongé par les rats ou dieu sait quelles vermines. Elle l’aurait jeté par mégarde dans un conteneur poubelle dans l’un des quartiers chic qu’elle sillonne quotidiennement…
Assise à l’accoutumée dans un coin, distraite et rêveuse, toute enveloppée dans ses haillons. Ce jour-là, Elle sentit ma présence mais ne laissa fuir aucune objection. Je me suis approché d’elle en toute discrétion. Malgré son mystérieux tempérament et son caractère rebelle, elle n’a rien d’étrange au fond.
A vrai dire sa verve imaginative frappe les intrus. Je me suis souvent interrogé sur le génie que cette pauvre dame pouvait garder enseveli dans un corps aussi crasseux. Dans le flot de ses délires hystériques, elle me jeta des clins d’œil dévorants. Tout compte fait, je conclus qu’elle n’avait pas tout à fait tort de m’en vouloir. Aussitôt, un chant s’éleva de sa voix rauque scandée par des inflexions où se mêlent haine, raillerie et agressivité. « Assez mon homme ! Suffit tout ce dédain ! J’ai perdu ma vénusté et mon embonpoint. Je ne suis ni ton idylle ni ton idole. Tu m’as traîné de partout ; sur du gazon, sur des trottoirs, de dédalle en dédalle, dans des flaques de pluies torrentielles. Tu m’as leurré et beurré par les matières fécales. Laisse-moi ma rue, ma mue. Je me rends en soldat vaincu. N’est-ce pas toi cocu qui m’as convaincu o imbu ! Assez je t’en prie ! Je ne suis que trop pétrie par l’usure et meurtrie par l’injure.. »
Elle se tut un instant pour poursuivre dans ses délires : « Cesse de traîner ma dépouille à la manière d’Achille avec Hector dans l’Iliade d’Homère. Quelle est tragique mon histoire ! » D’un geste vigoureux, elle se frotta sa tête ébouriffée et tendit sa poignée qu’elle ouvrit par la suite. Etonnant ! Une dizaine de poux désarçonnés s’agitaient dans la paume de sa main. « Vois-tu, dit-elle, même l’éternel Pin Séquoia n’aurait été en mesure de supporter une telle cohabitation » J’ai mimé voulant intervenir mais elle écarquilla ses beaux yeux verts ; seuls organes échappés à la crasse, comme pour me dire : « Tais-toi imbécile !… » Elle enchaîna avec l’assurance d’un orateur du haut de son parloir : « arrête de me dévisager ! Tu n’es qu’un lâche, hypocrite et pusillanime. Rien ne m’anime depuis que tu as éteint les lumières que je portais en mon cœur ; fraîcheur ! Pudeur ! Mon dieu ! »
– Qui ? Moi ? Lui murmuré-je.
– Fiche-moi la paix dégueulasse ! Reconnais que je t’ai composé hélas tant d’odes et de chants orphiques. Je t’ai rendu fier parmi les filous et les horribles jaloux et voilà qu’enfin, tu persistes dans tes outrages après m’avoir jeté impitoyablement aux enfers. Sous mon règne, tu as connu la marche solennelle et l’aisance. Grâce aux éclats de ma beauté originale que je croyais éternelle, grâce à mon haut rang, à mes racines, tu pouvais promener tes pieds la tête haute et en toute arrogance. O confuses nostalgies ! Quel est cet amour incorruptible et infernal qu’une vieille savate pourrait porter en son ventre ? T’entends fripouille ? Je ne suis qu’une savate banale que les douleurs ont rongée et corrodée et que même le plus habile des cordonniers déplorerait d’arranger. Tu sais ? J’aurais pu être un trophée pour les armoiries d’un grand seigneur ou une relique que l’histoire saura ranger dans la postérité. Assez s’il te plait. J’ai tant consommé pour toi. Que me reste-t-il si ce n’est le dernier soupir, le dernier mot qu’un agonisant laisse fuir, une œuvre posthume pour qui veut en jouir… »
Elle se tut un moment. Un silence s’installa…
A suivre…
De puis longtemps qu ont n ‘ avais pas entendais votre charme pluume Et voila vouz etes le bien venue !?! Votre Titre a bien une vie. Salut de votre voisin
Ayuuus
Salut Mr Hamid voilà ce qu ‘on dit du bon travail ,un article à lire .
Je le recommande à nos jeunes de le lire ,de comprendre et de savoir comment concevoir un tel article dans le but d’enrichir leur vocabulaire
Merci monsieur Hamid
Merci mr Abdelhamid pour tous ce que vous faites cela nous honore.bonne contunuation et merci encore
مدة طويلة ماقريت بحال هاد المقال من أيام الدراسة 2000 شكرا استاذي حتى هذه الكلمات تصنف في خانة الزمن الجميل الصراحة تعلمنا الإسبانية ومع ظروف الهجرة نسينا الفرنسية لدرجة أننا كانطقوها بطريقة نطق الحروف الاسبانية
قبل أن يخلق الله الكون خلق القلم..
[…ن و القلم و ما يسطرون…]
شكرا لك على هذه المحاولة النابعة من الواقع و المعبرة عنه بأسلوب أدبي رائع و رفيع..
أنحني لك تقديرا و إجلالا و أرفع لك القبعة عاليا..
أحييك في انتظار بقية الأجزاء