Autrefois, la rentrée scolaire était une fête solennelle. C’était la période de l’année pendant laquelle les écoles sont
ouvertes. Les portails des écoles, des collèges, des lycées et même ceux des universités s’ouvrent à tout le monde.
Les parents accompagnaient leurs enfants jusqu’au portail de l’établissement. Ceux-ci les suivaient en sautillant comme
des moineaux. D’autres marchaient à pas de loup en pleurnichant. On entendait leur lamentation de partout
Quelle musique affreuse ! La plupart d’entre eux refusaient d’y aller. Les grands s’y dirigeaient l’air lugubre comme
si on allait les claquemurer. Leurs compagnons vitupérés sans doute par leurs mamans avançaient comme une horloge
qui allait trop vite. A leurs yeux, les vacances se sont écoulées en un clin d’œil. Ils comparaient l’étude à l’enfer. On
dirait qu’ils étaient appelés à faire le service militaire. Les enseignants en général se sentaient très émus. La rentrée
septembrale n’était pour eux qu’un nuage qui vint de disparaitre à l’horizon ou plutôt un rendez-vous à l’improviste.
Je porte encore dans ma mémoire quelques bribes de douces souvenances de mon enfance. A cette époque-là, je
prenais mon chemin vers l’école en toute hâte. Je voulais y arriver avant la sonnerie de la cloche ou celle de la sirène.
Des fois, je pressais le pas sans qu’il y eût quelque chose qui clochait. Epuisé de fatigue, je fis un arrêt éphémère pour
reprendre mon souffle. Actuellement, l’élève ne peut plus bouger comme s’il allait exploser car il portait sur son dos
une lourde charge qui l’empêchait de faire le moindre mouvement. Avec une colère immense, une rage mue, le souffle
coupé ,il appuya le dos contre un mur. Cela prouvait que le fardeau lui écrasait les reins. C’était pire à voir ! Le visage
baigné de sueur, le dos courbé comme une faucille, les jambes écartées, celui-ci faisait la navette chaque jour.
Exténué, il s’arrêta pour une goulée d’air. Dans les années 60, on allait à l’école libre comme l’air. Nous n’avions rien
à craindre. On y allait en sécurité, avec un cartable où il y avait un cahier avec un buvard, un porte-plume, un crayon
noir, une règle, une ardoise, un bout de chiffon, une gomme et quelques morceaux de craie. Voilà, c’était tout. De
nos jours, les étudiants vont et viennent sans savoir où ils vont, ni d’ où ils viennent si je ne me trompe ; les étudiantes
y comprises. Presque loufoques, le téléphone portable collé à l’oreille, ils font les cent pas en monologuant. N’est-ce
pas une fredaine ? Les filles habillées à moitié du corps, avec un pantalon serré sur les fesses déambulaient en
grinçant les trottoirs avec les sabots de leurs souliers. D’autres sanglées dans leurs uniformes passaient comme des
étoiles filantes en laissant derrière elles une odeur piquante comme si elles allaient au bal pour danser. Malgré les
piques que leur lançaient les garçons, elles continuaient leur trajet en faisant semblant de n’avoir rien entendu.
Certaines filles, avec leurs doigts onglés éparpillaient leurs longs cheveux qui leur tombaient sur le front. D’autres
parmi elles, l’air paré, la poitrine gonflée par les soutien-gorge riaient du bout des dents comme si elles allaient au
mariage. Je me pose une seule question : est-ce qu’elles vont faire l’étude ou au théâtre pour y passer une bonne
soirée ? Derrière elles, les garçons essayaient de les caresser de leurs mains, mais en vain. Quel désespoir ! D’autres
étudiantes , encore à la fleur de l’âge, vêtues comme des majorettes regagnaient leur domicile à toutes jambes, les
cheveux en tresse sans se rendre compte qu’elles attiraient les regards comme la lumière qui attire les papillons. Ce
phénomène à mon goût fatigue les yeux, brouille l’esprit et perce les oreilles. N’est-ce pas un brouillamini ? Les voyous
les suivaient pêle-mêle en laissant s’échapper de leur bouche des mots offensés. En dépit de leur fourberie, les filles
passaient comme des insectes nuisibles qui s’échappaient à la vue. Ce genre de mauvais types ne font que gober des
mouches. C’est tout. Il y a longtemps, la fille ou la femme quelque soit son âge était respectée. Personne n’avait
l’idée de s’approcher d’elle, ni lui sourire, ni lui barrer le passage, ni même la regarder. Il a été dit : « Respecte-toi, on
te respecte » A qui assume-t-on la responsabilité ? Aux parents, aux enseignants, au ministère de l’éducation nationale ?
Cela laisse beaucoup à penser. Au désir de la loi, la responsabilité est à nous tous. Chacun de nous doit s’occuper de
l’éducation de ses enfants. C’est une affaire à débattre point par point avant que les établissements scolaires ne
devinrent des cours d’ébullition et de grossièreté. Il y a certaines filles qui aiment qu’on leur fasse la cour. Voilà
pourquoi les idiots continuent à les menacer sans crainte, sans vergogne. A quoi sert de dire des insanités en pleine
rue, à la vue de tout le monde ? N’est-ce pas un spectacle horrifique ? Fermes comme des rocs, ces imbéciles passent
la journée à rôdailler, à vadrouiller, à faire les frôleurs comme des animaux qui cherchent à épier leurs proies. N’est-ce
pas un affront ? Avec un cœur de roche, des sentiments inavoués, ils se montrent très sympathiques mais en réalité,
c’est une mer sans fond et sans rive. Pour cela, j’accuse les deux sexes pour leur dire : ne faites pas les mauvais anges.
Ne jetez pas les bâtons dans les rues. Cela nous fait un choc. Vous venez déjà d’atteindre l’âge viril. Agir virtuellement
Cela ne mène personne à rien. C’est abstrait, abusif. En ce cas, il ne faut pas jeter ses bonnets par-dessus les moulins
Mon œil s’allume quand j’aperçois un vaurien en train d’engueuler une jeune étudiante qui n’aurait pas fait de mal
à une bestiole. N’est-ce pas une injustice ? Une excitation à la violence ? C’est absurde et abstrus en même temps !
Il ne faut pas jouer avec une arme à feu. C’est dangereux. De but en blanc, les insultes et les emmerdements se mettent
à pleuvoir en pagaille. Un bruit insupportable éclate en plein air. C’est le déclenchement d’une attaque. C’est abject !
Deux flâneurs se bagarrent pour une bagatelle. N’est- ce pas un écœurement? On afflue de partout pour assister à la
dispute. On riait à se scier la gorge. Des conversations étincelantes se font entendre. On dirait un match de combat.
Quelques étudiants interviennent à l’instant dans le différend et les écartent. Bientôt les querelleurs se déchaînent
Comme le vent qui sépare les deux flottes. D’autres, les cheveux parsemés sur le front, la tète rasée à la ronde se
mettent à hurler comme des loups. La fureur et l’envie les avaient sans nul doute submergés vaguement. Quel
Engueulement ! Ce n’était qu’une querelle d’Allemand comme il a été dit. C’était selon mon avis un malentendu.
Peu après la querelle, des cris rauques déchirèrent le ciel. Cela m’avait ulcéré l’estomac. Quels bruits striduleux !
.C’est du guignol ! Un peu d’ordre ! Du consentement de tous, ces habitudes n’ont plus cours. A quoi sert de semer
La zizanie, de perturber l’atmosphère ? L’établissement n’est pas un centre où on apprend des choses nouvelles ?
On y va pour meubler sa mémoire d’idées fraiches, pour garantir son avenir. Les arbres ne bourgeonnent qu’au
printemps. N’est-ce pas un lieu de culture générale ? Pourquoi ne pas se culturaliser ? Vadrouiller et vagabonder
rendent l’être humain pessimiste. N’est-ce pas le vague à l’âme ? Avec un minimum espoir, on parviendra à faire des
miracles. Il m’est loisible de dire que la vaillance conduira au succès quiconque veut réaliser ses rêves. Chacun a un
avenir qui l’attend. Pour atteindre son but, il faut multiplier ses efforts. Sinon, il se peut que la terreur panique nous
dévore. Pour ne pas tomber dans le piège, il faut se tenir constamment sur ses gardes sans souci, sans rien à craindre.
Il y a tant de choses à déceler. Travailler et prendre de la peine mèneront à la découverte du trésor. Sinon il se peut
qu’on perde une bonne occasion. On dit que celui qui n’apprend pas dans sa jeunesse souffrira plus tard de cruelles
désillusions. Sachons que l’étourderie incite à la débauche. Donc, il faut peiner pour réussir. La patience vient à bout
de tout. Travailler alors, c’est prévoir. Prévoir assure toute chose indécelable. Il faut agir avec assurance et garantie.
On ne devient pas savant par souhait. Le regret persiste pour toute personne n’ayant plus d’espoir. Sachons toujours
que la vie est faite d’espérance. La vérité est amère à entendre mais elle existe. Qui la combat sera le vainqueur. On ne
peut cacher le soleil par un tamis. Un problème sans solution est un problème mal posé. Ceux qui vivent sont ceux qui
luttent. Revenons à nos moutons. Le 16 Septembre était un jour inoubliable, plein d’activité. Une foule de badauds
se massaient devant les établissements. Les gens, hommes et femmes se dirigeaient vers le centre de l’achat et de la
vente des fournitures scolaires. Tout le monde vouait y être avant l’ouverture de la librairie. Plus d’une centaine de
personnes essayaient de franchir le seuil de cette vénérable institution qui était l’une des endroits les plus fréquentés
où on se bousculait en foule turbulente. Avec des regards furibonds, on continuait à se serrer comme le bétail dans son
étable. A quoi cela sert-il ? Les rues grouillaient quotidiennement de filles encore jeunes. Celles-ci avec leurs drôles tenues
allaient et venaient sans se rendre compte qu’elles étaient suivies de près par tout le monde. Hypnotisés par leur beauté
angélique, les gens se mettaient illico à les chérir comme des mamans qui dorlotaient leurs chérubins. Chacun vit à sa
mode. D’accord, mais il ne faut pas dépasser les limites. Les nigauds, les cheveux aplatis sur la tète s’adressaient à elles
farouchement dans le but de gagner leur confiance mais celles-ci les insultaient odieusement et allaient comme le vent.
Des fois, ils se montraient gentils, honnêtes pour ne pas rater l’occasion, mais hélas ! Il n y a pas de fumée sans feu
comme il a été dit. On dit aussi que ceux qui ne plaisent pas aux femmes s’en corrigent .Avec leurs robes qui montraient
leurs avant-bras, des touffes de cheveux en tresses d’or, elles passaient ipso-facto sans oser regarder derrière elles.
Quant au voile, n’en parlons plus. C’est rare où on rencontre une fille ou une maman avec un visage déguisé. Certaines
compagnes, l’air courroucé leur adressent un dernier avertissement. Sournoisement les sales gosses ne cessent de les
fusiller de leurs regards implacables. Cela laisse beaucoup à désirer. Voilà à peu près le rôle de ces vagabonds pendant
la rentrée scolaire. Ce mauvais traitement n’est plus acceptable. Ce qui m’a affolé c’était le bambin qui allait à l’école
le dos courbé, le jambes pliées sous le poids de la fourniture scolaire comme un soldat qui allait au combat. Est-ce un
coltineur ou un élève ? Se munir de patience pour lui est un fardeau. Il est comme l’exemple de l’âne qui ne profitait
pas des livres qu’il portait. Lentement celui-ci détacha la ceinture de son pantalon, puis la noua autour de son cartable
plein à craquer. On dirait le garrot d’une scie. Une myriade de questions sans réponse bourdonnaient dans ma tête.
Les on-dit tristes et drôles me taraudaient de temps en temps. Troublé, je dis : « cette vie estudiantine aura-t-elle
Un terme ? Le dos arqué, avec un vêtement transparent, tristes comme des bonnets de nuit, certaines jeunes filles
avançaient à pas feutrés, tenant dans leurs bras une masse de manuels. Le téléphone toujours planté dans l’oreille,
elles hâtaient le pas en chattant. Pour ne pas arriver en retard, elles décollaient l’appareil comme un timbre-poste et
filaient indiciblement comme si elles avaient le diable à leurs trousses. Leurs compagnes vêtues de mini jupes, d’autres
le visage maquillé, les cheveux bouclés craquaient le marmot. Déconcerté par cette scène magique, je sentis la tête me
tourner. Une foule d’idées macabres me troublaient la mémoire. Je ne savais à qui me plaindre. On dit qu’il est facile
d’altérer la vérité mais difficile de la récupérer. Sache cher lecteur et chère lectrice que chaque jour t’apprend quelque
chose de nouveau et chaque jour qui passe n’a pas de pareil. Alors, il ne faut pas laisser la terre en friche. N’allie pas
l’or avec l’argent. Ne laisse pas tout aller. Ne perds pas ton temps à faire l’école buissonnière car un jour viendra où tu
regretteras d’avoir abusé de tes études. Mets ta confiance en Dieu, ne t’inquiète de rien. Ne crois pas que le but est
facile à atteindre. Non, il faut y arriver incessamment par le compliqué, c’est-à-dire en passant par de dures étapes.
Par exemple, pour aller jusqu’à la cime d’une haute montagne, il faut avoir une force herculéenne, une souplesse de
corps, une échine souple, être un vrai alpiniste. De même pour l’étude. Le succès est facile à obtenir. Pour cela, il faut
beaucoup d’efforts, un peu de courage, une patience de fer, une bonne volonté dans l’espérance d’un bon avenir plein
d’espoir et de prospérité. C’est de la haute voltige intellectuelle ! N’est-ce pas ? Sinon, c’est l’échec. Donc la vie est un
chemin parsemé d’épines. Personne ne peut passer dessus sans se faire du mal. On dit que celui qui veut arriver aux
grandeurs doit veiller les nuits. Tire- toi mon petit de ce labyrinthe, ne fais pas la sourde oreille, écoute les conseils de
tes maitres, obéis à tes parents, n’oublie pas que la désobéissance lacère leurs cœurs. Un peu de persévérance, de
continuité, d’énergie. Je m’excuse enfin pour vous avoir peut-être critiqués, merci et mille fois merci pour m’avoir lu.
Ce discours ne concerne que les étudiants. (Cher étudiant, chère étudiante) : Roule lentement et comme la tortue, tu
vivras en liberté. Allonge tes pieds en proportion de ton tapis. En cas de nécessité, demande conseil comme une plante
qui demande de l’eau. La vie est comme une échelle, les uns la montent, les autres la descendent. Celui qui n’a jamais
eu confiance en personne ne sera en aucun temps déçu. Attention ! Le défaut de confiance peut perturber ta vie, te
troubler. Aime qu’on te conseille et non pas qu’on te flatte. Une fois démoralise, tu perdras la boussole ; tu deviendras
faible ,aveugle ; tu te tromperas de route et enfin c’est l’échec. N’écoute pas tout ce qu’on te dit mais observe toi-même
et réfléchis. Sois ami-e sincère ou sincère camarade, mais ne reste pas traitre et fidèle à demi. Ne compte pas sur les
on-dit 🙁 Attendez-moi sous l’orme) (chers profs) : Vous n’êtes pas les seuls qui doivent s’occuper de
l’éducation des enfants. Les parents eux aussi sont invités à s’immiscer dans cette drôle affaire qui leur incombe
Ce n’est pas une affaire simple. Il faut un coup de main afin d’aplanir les difficultés qui leur compliquent rudement les
choses. La société vous a confié cet enfant pour le préparer à une fonction dans la coopération, pour lui ouvrir l’esprit
largement car l’enfant comme un arbre résulte du développement d’un germe qui le soutient en puissance. Un esprit
nourri abondamment d’observation, meublé richement d’excellentes idées peut s’amplifier sans limites. Il s’agit de
l’aider à s’initier dans la vie sociale. Le rôle donc important du prof est de laisser les facultés intellectuelles de l’enfant
s’épanouir dans tous les sens. Une fois bien dressé, bien modelé, bien orienté, bien formé celui-ci finira par accomplir
ses taches futures qui l’attendent. (Supplication à la fille marocaine)
Jeune fille marocaine. N’imite pas l’européenne Donne-nous l’exemple de la fille africaine
Evite toutes ces fredaines Il est mal de faire la vilaine Ne nous laisse pas vivre dans la peine
Réserve-nous le sang de tes propres veines Sache qu’une conduite bien pleine Nous préserve certes de la gêne
Afin de nous épargner tant de mal et de haine Et nous conduit ou nous emmène Vers un avenir où la vie est saine
N’oublie pas que tu fais partie de la génération prochaine Reste donc fidèle et tu finiras par vivre comme une reine
Tu es la belle fleur qu’on touche à peine. Aide-nous à vaincre toutes sortes de problèmes. Sache qu’une fine lame
N’ignore pas les préceptes de l’Islam. Tâche de garder ta fraiche odeur de crème. Ne provoque pas de drame
Tu es un trésor dont tout le monde rêve, ne confie pas tes secrets à un indiscret comme une poignée de blé qu’on sème
Essaie de vivre à ton aise sous une atmosphère où règne du calme. N’offre pas ta vie à un truand sans pitié, ni âme.
Ne t’abuse pas de ta santé, ta jeunesse est une solide arme. Pense à ton avenir, corrige-toi avant de sonner l’alarme
Serre un peu tes freins, ton destin n’est pas une marchandise en réclame. Tu n’es pas un navire secoué par une lame
Tiens- toi sur tes gardes, on t’épie, on te fait la cour pour te dire qu’on t’aime. Soigne ton cœur avant qu’on te blâme
On cherche à te tromper ou à te démoraliser par un amour bourré de mauvais termes. Veux-tu enfin accepter ce poème ?
Ecrivain : Moumni, instituteur retraité, demeurant à Zaio, province de Nador, ( Maroc)