Qu’est-ce que la mort ? C’est la fin de la vie. C’est la cessation définitive des fonctions corporelles. C’est un moment
opportun où on vient d’expirer. C’est l’interruption de l’âme de quelqu’un lorsque son heure sonne. C’est un appel
divin auquel il faut répondre. De toute façon, c’est s’éteindre, c’est abandonner ce monde bas. Chaque fois qu’il y a
un quotidien qui meurt, c’est un de nous qui s’en va. On dit que chaque naissance est un pas vers la mort. La mort
n’a donc point d’amis, et le malade n’en a qu’à demi. Selon mon opinion, la vie est un voyageur qui laisse trainer
son chapeau derrière lui pour effacer ses traces. A partir d’un certain âge, on finit par avoir plus d’amis au ciel que
sur la terre. On ne connait la valeur de quelqu’un que lorsqu’on le perd. Quand le malheur arrive, ouvre-lui la porte,
sinon, il la défoncera. Les vivants sont toujours, et de plus en plus dominés par les morts. Je n’oublie pas de te
rappeler cher lecteur qu’il y a un arrêt au passage d’un convoi funèbre. C’est tout simplement un signe de respect,
de ralliement, et de sympathie. C’est un symbole de la religion islamique. L’homme qui participe à la célébration des
obsèques et à son enterrement sera doublement gratifié de la part de son Seigneur. Sa valeur est comme le poids
du Mont de Ouhoud qui se trouve à la Mecque, ville Sainte. J’avais assisté à deux enterrements dont voici la teneur.
En sortant de chez moi un beau matin de juillet, le mois courant, je fus éberlué par un cri funèbre. C’était le décès
d’une voisine. La mauvaise nouvelle à vrai dire m’avait éberlué. (Dieu est grand !) Dis-je dans mon for intérieur.
Aussitôt des myriades de voix ébouriffantes m’ébranlèrent. J’avais la chaire de poule. De jeunes filles malheureuses
comme des pierres pleuraient à chaudes larmes. Quelques vieilles femmes grelottaient sans cesse. On dirait la
trépidation d’une vitre. Les petits enfants pleurnichaient à leur tour. Quelle musique affreuse ! C’était un spectacle
sensationnel. Le receveur des âmes, fomentateur des troubles avait déjà fait son devoir comme la mer qui reçoit
les fleuves. Certaines dames, le front ridé, le visage pâle, les yeux larmoyants sautillaient comme un bateau qui saute
sur une mine. Elles laissaient couler de leurs yeux des ondes de larmes qui baignaient leurs visages. (Nous sommes
à Dieu et à Lui nous retournons. (Coran) dis-je in petto. Nous ne pouvons plus savoir ce qui nous attend, ni ce qui
va nous arriver. En peu de temps, la rue s’était remplie. Une immense foule s’y répandait comme le vent qui répand
les graines. On accourait de tous les coins du quartier pour s’assurer de la vérité .Tout le monde en était au courant.
Sachant que la défunte dame était un corps sans âme, on se mit à présenter immédiatement les vives condoléances
à son mari qui pleurait sans discontinuer et aussi à tous les membres de la famille en émoi. Quelle situation pitoyable,
déplorable ! J’avais le cœur déchiré en regardant ses enfants se vautrer par terre. Certains se frappaient, d’autre se
cognaient. On dirait le cognement d’un moteur détérioré par l’usage. La majorité des rapprochés comptaient les
clous de la porte. On priait humblement Dieu pour que son âme ne fût pas en peine et que sa trêve régnât tôt ou
tard. Avant l’enterrement, il fallait laver la dépouille mortelle selon la tradition musulmane à plusieurs reprises car
sans cette ablution rituelle, elle sera enfouie comme une charogne. Les circonstances s’y refusent. L’islam n’accepte
pas cela. Le lavage se fait avec soin suivi d’une lotion, un liquide employé pour asperger toutes les parties du cadavre.
On emmaillote ensuite la dépouille d’un linceul blanc sans oublier de l’embaumer encore. C’est l’imam ou quelqu’un
de la famille du défunt qui s’occupe de cette toilette avec quelqu’un bien sûr pour l’aider car c’est une affaire qui
prend du temps et qui demande beaucoup d’efforts. Sans l’aide de celui-ci, ce sera peut-être une situation sans issue.
Et vice-versa pour la dépouille d’une femme. Une fois le rôle est conclu, c’est le moment propice pour l’emmener à
la mosquée. Avant le trépassé était transporté dans un brancard, sur les épaules de quatre ou six personnes, en
direction du cimetière. Les gens qui accompagnaient le convoi funèbre les suivaient en répétant l’expression
suivante : (Il n’y a de Dieu que Dieu, Mohamed est son messager) jusqu’au champ de repos où sa fosse est creusée
auparavant par le fossoyeur. Mes yeux se mouillaient. Cela me crevait le cœur ; c’était évident car je savais à coup
sûr qu’un jour viendra où je serai à sa place, et où on ferait de même de moi. Donc la mort est plus proche de nous
que la paupière de l’œil. Il faut veiller, être très souvent sur la braise, prêt à partir. Personne ne sait ni le jour ni l’heure.
La mort est à nos trousses, elle nous suit pas à pas. Elle peut nous attaquer quand elle veut. Lorsque notre heure
arrive ; Dieu cependant n’ajourne jamais personne dont le terme est venu. Actuellement le transport des morts se
fait dans des ambulances en considération du long trajet. Au moment où on se prépare à sortir le mort de chez lui
pour l’emmener à sa dernière demeure où il va s’éterniser jusqu’au jour de la résurrection, d’innombrables voix
tonnantes éclatèrent comme un tonnerre. Comme il est difficile de participer à la cérémonie de sépulture ! C’est
vraiment une ruine, des soucis perpétuels, une désunion, un moment ennuyeux où les battements du cœur se
précipitèrent. Partout on entend que des cris aigus qui perçaient les oreilles. Leurs lamentations me brisaient le
cœur. Quel spectacle ténébreux ! Des sanglots me secouèrent, des larmes ruisselaient abondamment de mes yeux,
m’étouffèrent en même temps, des fluides s’accumulaient dans ma gorge. J’avais la tête lourde. Le bon Dieu a dit
dans son livre sacré : (A chaque communauté un terme. Quand leur terme vient, ils ne peuvent retarder d’une
heure, hâter non plus). Dieu a dit la vérité. Il n’y a de force et de puissance qu’en Dieu, l’Elevé et le Grand ! Je
continue mon récit : on fait descendre le cadavre dans la fosse. Armés de pelles et de pioches, les bénévoles se
mirent à le recouvrir en toute hâte. Au cours de la mise en sa demeure, les maitres coraniques récitaient quelques
signes du coran jusqu’à la fin de l’inhumation. Les proches du défunt qui s’y trouvaient se mirent aussitôt en ligne
pour que les assistants qui avaient participé au chagrin de la personne qui avait cessé de vivre leur présentâtes leurs
vives condoléances à la suite du grand malheur qui avait frappé à leur porte. Puis chacun reprend son chemin laissant
la dépouille mortelle dans son trou, isolée comme une ile. Quelle déception ! (Tout homme doit goûter la mort) a dit
Dieu dans son livre sacré. Je reviens un peu en arrière pour vous parler du décès d’un de mes proches auquel j’avais
assisté personnellement. C’était un jour malheureux ! Ce parent était au bord de la tombe le jour où je lui avais
rendu visite. Tout le monde l’avait pleuré. Il était resté fidèle jusqu’au tombeau d’après ce qu’on avait dit de lui. Sa
disparition avait causé une désolation, une douleur atroce, bref un adieu pour toute la famille. Quand j’avais enlevé
le drap mortuaire sur son visage, une secousse terrible m’avait saisi ; je devins illico aphone. Je restai bouche-bée
devant son cadavre. J’avais cru qu’il était vivant mais quand je me suis rendu compte qu’il était mort de mort
naturelle, une crise de nerfs me secoua, mon cœur se mit à battre une drôle de chamade, j’avais des larmes dans
la voix. Je ne pus dire mot.je fus muet de terreur. J’avais un accent compliqué. Des cercles ombreux se mirent à
danser devant mes yeux pleins de surprise et de tristesse. Je broyais du noir. Cela comptait beaucoup .On dit :
( Il ne faut pas compter sur les souliers d’un mort pour se mettre en route). Ses filles ne purent s’empêcher de pleurer.
Malgré mon intervention et celle des voisins à cause d’un terme pour que la situation ne s’aggravât pas, tout alla à la
vitesse de l’éclair. On dirait la persistance d’un mauvais temps. Tout était en vain. Tout allait de mal en pis. C’était le
vague à l’âme ! C’était un délabrement de la vie, un délaissement du foyer, une séparation définitive, un adieu
sempiternel. Le chef de la famille qui était le nautonier de la barque avait rendu l’âme, avait disparu comme le navire en
mer. C’était une disparition inquiétante, un éloignement éternel corps et âme. Personne ne le verra plus .La douleur ne
donnait point de trêve à personne. C’était la mort dans l’âme ! Son associée accourait au moment où Il était à deux doigts
de la mort, entre la vie et la mort mais c’était trop tard pour lui parler malheureusement. Son agonie était faite en peu
de temps. Tous ses amis intimes (hommes et femmes) étaient venus nous présenter leurs sincères condoléances,
témoignages de sympathie à la suite du grand malheur qui était arrivé dans le douar où il avait vécu longtemps. Quel
désastre ! Leur afflux m’avait déchiré le cœur. C’était affolant ! Certains de ces visiteurs pleuraient amèrement pour avoir
perdu leur unique et meilleur copain, d’autres, les yeux baignés de larmes ne purent cesser d’invoquer Dieu qui l’avait
rappelé à lui de pardonner ses péchés et d’effacer vite le chagrin de l’esprit de ses enfants. On dit : (A tout péché
miséricorde.) Cela prouvait que tout le monde l’estimait car il était un homme de poids, de bien, On dit que c’est dans le
malheur et la prospérité qu’on reconnait ses vrais amis. Quand quelqu’un meurt, il faut qu’on partage sa douleur et sa
peine car il vient d’éprouver un deuil. Je passe maintenant à la prière des morts. C’est une prière avec humilité et
bénédiction du cercueil dans un office funèbre. On transporte le mort à la mosquée. C’est l’Imam qui fait l’oraison
funèbre, l’éloge prononcé par lui-même en présence de plusieurs priants. Le but de cette invocation est le contact, la
communication avec Dieu en l’implorant de recevoir son esclave dans sa sainte miséricorde. Après cette humble prière,
on le transporte à son ultime demeure. Quelle situation pitoyable ! Juste après l’inhumation, on quitte à l’instant le
cimetière laissant là-bas le trépassé dans sa tombe où il demeurera à jamais. (De même pour la femme) Les gens qui
avaient escorté le convoi funèbre retourneront chez eux le cœur trop serré, avec un poids lourd sur la poitrine. N’est- ce
pas un chagrin extrême, un déchaînement décevant ? Selon le Hadith de Sidna Mohamed, paix et salut soit sur lui, on dit
que celui qui assiste à l’absoute et accompagne le mort jusqu’à sa dernière demeure aura deux carats comme le mont de
Ouhoud. De retour, tous les membres de la famille bourrelés de remords se mettent à pleurer cette personne qui n’aurait
pas fait de mal à une mouche. Enfin de compte, on implore Dieu qu’il mitige les peines des morts, qu’il ait pitié d’eux, qu’il
les fasse tous entrer dans son Paradis, qu’il accorde une patience de fer, un courage inébranlable et une joie ineffable aux
gens du domicile familial. Amen ! Voilà à peu près le déroulement des cérémonies de l’enterrement auxquelles j’avais
assisté moi-même. Voici quelques vers sur la mort :
La vie est comme un abattoir. L’heure s’enfuit fugitive. La mort ne révèle pas les secrets de la vie.
Dépêche-toi, ne perds pas l’espoir Sois sur le qui-vive. Fais un peu d’effort, tu gagneras une œuvre pie
Ne t’écarte pas du bon chemin. Prépare-toi pour le départ Contre la mort, nul ne peut se défendre
Il ne faut pas aller à fond de train Avant qu’il soit trop tard En une œillade, elle peut te réduire en cendre.
La mort est comme une aiguille à coudre N’attends pas la sirène d’alarme Ce sera un voyage sans retour
Quoique la vie passe comme une ombre la mort n’est ni un feu ni une arme Ne mets pas les choses à rebours
Laisse ta place pour un autre Dieu t’a crée pour que tu l’adores la mort va durer encore tant de siècles
Corrige-toi, mets tes affaires en ordre Pense donc au royaume des morts tu es pour elle comme la proie d’un aigle
Une minute suffit pour décider du sort de ta vie Un jour viendra où tu iras loin, fais de ton mieux
Donc quand ton terme arrive, tout est déjà fini Sache mon vieux que tous tes jours s sont des adieux
Réserve quelque chose pour ton nouveau foyer comme la flamme qui dévore le bois
Avant que l’échéance de ton terme soit arrivée la mort te suit et ne te laisse pas le choix
Réponds à l’appel dès que ton heure sonne la mort est derrière toi quitte vite ce monde
Garde ton tour avant que le canon tonne tu vas périr où que tu sois Tu es cerclé par les ondes
L’abeille frôle la fleur, en suce le nectar et s’en va. Continue à aller à la mosquée comme d’habitude
La mort tire l’âme du corps et file à grand pas Adore ton seigneur jusqu’à ce que te parvienne la certitude
Tu es comme un prof chargé de cours. N’oublie pas la lecture coranique qui vivra verra
Ne lâche pas l’école pour le labour C’’est notre trésor bénéfique qui a joué jouera Dieu a dit : « Où que vous soyez, la mort vous atteindra, fussiez- vous dans des tours fortifiées »
Ecrivain : Moumni, enseignant retraité, demeurant à Zaio, province de Nador. (Maroc)
أطال الله عمرك أستاذنا العزيز.