Etape d’une effrayante opération chirurgicale (2018)
En me réveillant en sursaut, un beau matin de mars, je sentis quelque chose de lourd me gêner en marchant. C’était tout un événement ! Je ne pus avancer d’un pas sans écarter mes jambes comme si j’y portais une masse de chair. Je faisais attention en marchant. Ma démarche s’était modifiée, j’avais l’intention que tout tournoyait autour de moi.
Après le petit déjeuner, j’étais allé voir un généraliste. Celui-ci, après m’avoir examiné, me déclara que l’un de mes deux testicules était un peu gonflé. C’était celui de gauche.
Sans perte de temps, il me remit une ordonnance sur laquelle il m’avait prescrit quelques médicaments. C’était rien que pour empêcher le gonflement d’augmenter de volume, mais en vain. Mon état variait d’un jour à l’autre. Mon testicule avait continué à devenir de plus en plus dur comme une boule de fer.
On dirait du pain qui boula. Au bout d’une semaine, je me suis rendu chez ce même généraliste. Juste après un bref contrôle, il me conseilla d’aller consulter un spécialiste pour un acte médical. Je n’avais pas hésité d’y aller. Après m’avoir bien contrôlé, celui-ci me fit savoir que je devais me résigner à une opération chirurgicale. C’était un conseil évident de la part d’un docteur tant mieux. Je me suis soumis à sa décision.
sans m’apitoyer de mon sort, sans sombrer dans le désespoir. J’avais mis ma confiance en Dieu. Ce n’était pas urgent Après un délai d’une semaine de traitement, j’avais pris mon chemin vers la Clinique de Béni Snassen (Berkane) afin de ne pas rater la fixation du rendez-vous avec mon docteur. Tout en marchant, mille idées macabres encombraient ma mémoire : (Que va-t-on faire de moi ?) dis-je d’un ton soupçonneux. Il me parut que c’était long comme un jour sans pain ! Je monologuais comme un fou en pleine rue. Chemin faisant, il me semblait que c’était un orage qui allait éclater ; j’avais peur que ma santé dépérissât, mais j’étais persuadé que rien de grave n’allait m’arriver.
Je suis dans la clinique, une secrétaire d’un jeune âge me fit signe de m’asseoir.( Je suis un peu occupée, sitôt que j’aurai fini je vous appellerai) me dit-elle poliment. Le cœur serré, oppressé, je pris ma place tout près d’autres patients qui m’avaient précédé. En peu de temps, la jeune dame me fit entrer dans son bureau. Elle me prépara un dossier.
Une infirmière m’emmena à ma chambre où j’allais m’installer un laps de temps. Je ne cessais de faire la navette dans le couloir, le visage sillonné de rides. (Chacun regagne sa chambre, faites vite, le chirurgien va bientôt arriver) dit un agent de service. Tout le monde se précipita vers sa cellule. Me voilà enfin dans la mienne. Vers presque une heure et demie de l’après –midi, le médecin franchit le sol de la clinique en filant comme une flèche. En l’apercevant, les battements de mon cœur s’entrechoquèrent, mes genoux se dérobaient, mes yeux oscillaient, une peur bleue me saisit , de gros nuages sombres se mirent à danser devant moi. Je vis tout en noir. (Dieu ! préservez-moi de ce mal et accordez-moi un prompt rétablissement après l’opération) priai-je humblement. Passé un délai d’une heure, deux jeunes servantes ouvrirent brusquement la porte trainant avec elle une longue table et un habit tout différent à celui que je portais, semblable à une combinaison de couleur bleue. Elles firent sortir tous les gens qui me tenaient compagnie , me déshabillèrent rapidement, m’ensevelirent de nouveau dans ce genre de vêtement à capuchon, m’allongèrent sur le long de cette carrosserie en forme de roulette, me transportèrent enfin vers la chambre de chirurgie comme un trépassé qu’on transportait au cimetière ! De toute façon, chaque personne agissait à sa guise
Voilà l’heure fixe est arrivée comme mars en carême. C’était pour moi le moment propice où j’allais m’exposer au danger.
J’avais un nuage devant les yeux (Que Dieu m’en préserve) dis-je dans mon for intérieur ! Je sentis le froid et l’obscurité me parcourir. Des milliers d’idées se succédèrent dans ma tète. Advienne que pourra. Tout l’entretien avait roulé sur mon cas médical. Plusieurs services préventifs avaient été faits à cause de moi. Submergées de travail quelques infirmières me demandèrent si j’étais à l’aise. Je leur parlais d’or et avec brio. Dieu merci.
Tout s’était passé bien. Je me portais à merveille à tout le moment. Je répondais à brûle-pourpoint à chaque question qu’on me posa
Revenons à nos moutons. Après l’opération, le praticien pansa la plaie et y fixa le pansement par un sparadrap.
C’était peut-être une bande de tissu adhésive portant une substance médicamenteuse qui permettait d’adhérer à la peau incisée de frais. Une fois la plaie soignée avec précaution, l’opérateur quitta la salle d’opération et s’en alla vaquer à ses affaires. En tout état de cause, le service médical avait été achevé parfaitement. Tout était entre les mains de Dieu. Je ne savais plus comment la procédure s’était passée étant donné que j’étais anesthésié à moitié.
Je n’avais aucune idée sur la façon dont j’avais été opéré. On dirait que j’étais dans le coma. Mes membres extérieurs étaient moites. L’alitement m’était un moment délicieux de tout repos. C’était à dire un vrai hypnotique ! Juste après la retraite de l’anesthésie, j’étais mal à mon aise ; de toute façon, je n’étais pas dans mon assiette. On dit que chacun sent son mal. J’avais un pépin qui était une rétention d’urine. Je commençais à souffrir atrocement. – Au secours ! Au secours ! – criai-je. Une forte secousse m’ébranla. Mes cheveux se hérissaient. Je devins aussitôt tout pâle.
Cela m’était arrivé à minuit pile. Un infirmier arriva à l’instant. Il me regarda fixement dans les yeux. Il me demanda promptement : de quoi souffrez-vous, monsieur ? – je ne peux plus uriner, croyez-moi, j’ai essayé maintes fois mais en vain ; aidez-moi, faites quelque chose pour moi, je vais mourir. Aie ! Aie ! Celui-ci retourna à toutes jambes et revint orageusement avec un tuyau à la main terminé par un sachet en mica. Il me le plaça à l’intérieur de ma verge et me dit gentiment : ne crains rien, ne te gêne de rien, aie un peu de courage, tu vas bientôt uriner.
J’avais pissé sur-le-champ. Dieu, merci, je fais la miction sans aucune difficulté. Je n’ai plus de douleur maintenant. L’infirmier n’avait pas manqué du tout de venir voir si j’étais encore souffrant ou non. – ça y est ! , tu es à l’aise.- oui, monsieur, je te remercie de mille façons – sans ton secours, ma situation serait cruciale. – dors à poings fermés et nous, nous veillerons sur toi, me dit-il, souriant. Quel prompt serviteur ! Il faisait des entrées et des sorties sans Interruption. J’avais dormi cette nuit comme un sabot, c’est-à-dire profondément. Je n’oublie pas le rôle d’autres braves agents qui s’occupaient et prenaient soin de tous les patients. Je parle ici des deux sexes. Bravo ! Coup de chapeau pour eux ! Le lendemain matin, mon médecin était venu voir comment je me portais. – comment allez- vous ? me dit-il après m’avoir salué avec amabilité. Je me trouve mieux en ce moment -lui répondis-je courtoisement
Il ordonna qu’on me changeât le pansement. En un clin d’œil, tout a été refait proprement. Je n’oublie tant que mon cœur battra le moment opportun où on m’avait rendu dans ma chambre. La moitié de mon corps était glacée, je ne pus bouger mes membres extérieurs. J’avais presque le souffle coupé, mes yeux se mouillaient de temps à autre, mes oreilles bourdonnaient, mon visage se raidit, les appels téléphoniques me causaient une surdité éphémère. Leur bruit résonnait mal dans ma tête. Quel vacarme assourdissant ! J’avais remercié tous mes compagnons pour ne m’avoir pas oublié au moyen de mon téléphone dont je me servais en cas de nécessité. Je savais pertinemment qu’ils voulaient tous que je récupérasse mes forces physiques et le mal dont j’étais touché désespérément se dissipât au
pied levé. Merci à vous tous chers amis à qui je dois des milliers de moments de reconnaissances et de compliments L’après-midi, c’était la sortie de la clinique. L’air guilleret, les yeux brillants d’enthousiasme, le cœur d’or, j’avançais à pas feutrés. Un frisson de liberté me traversa l’esprit. J’étais à dire vrai comme un prisonnier. Dehors, l’air est salubre Dedans, on est enfermé. On ne pense qu’à sa santé. Avant de quitter une fois pour toutes l’établissement hospitalier
Je suis passé au bureau de réception où j’avais versé une somme d’argent à une secrétaire. C’était le règlement de mon compte. Aussitôt je regagnai la voiture en hâtant un peu la marche de peur que le vent glacial ne me fouettât le visage. Me voilà en route vers chez moi en compagnie de ma famille. Nous bavardions à cœur ouvert. On ne parlait que des maladies, que des patients. Priez pour moi chers collègues, chers contemporains. Demandez à Dieu qu’il me guérisse dans les plus brefs délais. Actuellement, je vais mieux, mais je suis encore en convalescence.
J’attends que ma situation s’améliore. On dit que pour bien réussir une convalescence il y faut la complicité du printemps. A mon avis, je vois que le retour de la santé est identique à celui des hirondelles qui annonce l’arrivée du printemps. Soyez-en- sûrs. Et selon mon opinion, celui ou celle qui n’a jamais franchi le seuil de l’hôpital, qui n’avait oncques subi une opération chirurgicale vit encore dans le giron de ses parents. Je vais essayer de traduire en français un adage en arabe qui dit : (La santé est mon capital, si elle m’échappe, que me reste-il ? c’est mon trésor,
si on me le dilapide, je perdrai toute ma vie. ) Contrôlez-vous au moins une fois tous les six mois avant qu’il soit trop tard, avant de regretter d’avoir abusé de votre santé .La rentrée chez moi était un moment agréable, un lieu de rencontre où on se congratulait, on se félicitait, on s’embrassait. Quelle joie débordante ! Dieu, merci pour m’avoir guéri et sauvé la vie !
Ecrivain : Moumni, enseignant retraité, demeurant à (Zaio) province de Nador ( Maroc)